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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/329

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George Sand raconte plus loin qu’elle s’efforça de penser à autre chose, qu’elle changea son genre de vie, se promena beaucoup, passa l’automne au grand air et s’occupa de littérature. C’est à cette époque qu’elle rapporte la création d’un roman. Mais comme elle avait déjà envoyé la Marraine à Jane au commencement de décembre 1829, ce roman fut écrit un an plus tôt, et non en cet automne de 1830. Peut-être Aurore se mit-elle, au commencement de 1830, à un nouveau roman, lequel pourrait être Indiana (qui rappelle beaucoup ce qui se passa alors dans la vie d’Aurore, et qu’elle ne fit peut-être qu’achever plus tard). Mais ce que l’on peut admettre avec plus de probabilité encore, c’est qu’il s’agit ici du roman Aimée qu’elle avait lue sa belle-sœur, Mme Émilie Châtiron, et qu’elle brûla dans la suite. D’après une note de M. de Spoelberch au bas de la dixième lettre d’Aurore à son mari, publiée dans le Cosmopolis, George Sand aurait apporté avec elle de Nohant à Paris, en 1831, ce roman d’Aimée.

Quoi qu’il en soit, pendant toute une année, Aurore supporta encore courageusement sa position difficile, se tourmentant à l’idée de son inutilité, de son quasi-esclavage et de son abaissement, mais étonnant, en même temps, Boucoiran par cette « élasticité et cette force de caractère qui lui permettaient, après les scènes domestiques les plus violentes, de rire le lendemain comme si de rien n’était, et de ne pas courber la tête sous le poids de son malheur ». C’est cette « élasticité », nous dit-elle, qui l’a sauvée du désespoir final. Ses forces ne purent cependant pas résister à cette lutte incessante avec elle-même, à cette tension continuelle de la volonté et des nerfs. Dans l’automne de 1830, elle fut atteinte d’une congestion cérébrale et pendant quarante-huit heures, elle resta sans connais-