Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/35

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haine pour tout ce qui est égoïste ou faux, dans un amour qui embrasse l’humanité entière ; toujours assoiffée de lumière, de science, de vérité et de liberté — liberté intellectuelle, individuelle ou sociale, liberté pour elle-même, pour tous les déshérités de ce monde, pour tous les opprimés ; — tantôt profondément religieuse, tantôt torturée par le doute le plus cuisant, George Sand, de la première ligne à la dernière, est tout cela dans ses œuvres. C’est, selon nous, dans ces traits de son caractère humain et de son tempérament artistique qu’il faut chercher la clef de tout, si l’on veut comprendre sa vie personnelle et son œuvre littéraire que l’on ne peut séparer l’une de l’autre. Il nous arrivera plus d’une fois dans les pages suivantes, de faire remarquer que les biographes et critiques de George Sand, omettant, à dessein ou non, certaines particularités de son caractère et de sa vie, brisent ainsi le lien intime qui existe entre ses idées et ses actions, lien sans lequel beaucoup d’événements de son histoire personnelle et littéraire paraissent comme flotter dans l’air et semblent vagues et tout à fait inexplicables. Cette manière de présenter les faits rappelle certains manuels historiques : « Il y avait une fois un bon roi ; un roi méchant lui succéda, et, soudain, les mœurs se relâchèrent sous son règne. » Si l’on voulait les croire, il semblerait que tout se fait brusquement, tout à coup, comme venant d’un deus ex machina, sans cause ni raison aucune dans le passé, sans nul lien avec ce qui doit suivre. Nous aurons plus d’une fois l’occasion de signaler des omissions sans nombre, des lacunes de ce genre dans les biographies que l’on a données de George Sand. Nous nous contentons de répéter ici que chez George Sand, plus que chez tout autre écrivain, l’activité littéraire et la vie personnelle sont