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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/359

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— « nouvelle à la main », un petit entrefilet politique écrit par elle seule. Cet entrefilet plut beaucoup au public qui le trouva « profond » ; la censure, qui y trouva des allusions contre le gouvernement, s’en mêla, voulut traîner le rédacteur du journal devant les tribunaux et même l’incarcérer. En un mot, la « Bigarrure » eut un succès de scandale. Mme Dudevant écrit dans la même lettre du 6 mars[1] : « Alors le roi-citoyen s’est fâché. Et voilà qu’on a saisi le Figaro et qu’on lui a intenté un procès de tendance. Si on incrimine les articles en particulier, le mien le sera pour sûr. Je m’en déclare l’auteur et je me fais mettre en prison. Vive Dieu ! Quel scandale à La Châtre ! Quelle horreur, quel désespoir dans ma famille ! Mais ma réputation est faite, et je trouve un éditeur pour acheter mes platitudes et des sots pour les lire. Je donnerais neuf francs cinquante centimes pour avoir le bonheur d’être condamnée !… »

Elle ne fut ni poursuivie, ni condamnée, mais cela contribua à lui faire une certaine réputation. Bientôt après elle fit paraître, dans la Revue de Paris, une petite nouvelle la Prima-Donna[2], et le 15 mars, dans la Mode : La Fille d’Albano. Plus tard, George Sand avait si complètement oublié ce récit, que, quand le futur historien de ses œuvres, le vicomte de Spoelberch lui demanda si c’était elle qui l’avait écrit, elle dit d’abord que non ; mais quand il lui en eut montré le texte, elle reconnut ce récit.

En avril, Aurore partit pour Nohant où elle resta jusqu’en juillet, se reposant, au milieu de la nature, de sa vie de tra-

  1. Correspondance, vol. I. p. 168-173.
  2. On ne sait pas trop pourquoi, dans la Correspondance, vol. I, p. 188, il est dit dans une note au bas de la lettre à Charles Duvernet que la Prima-Donna est l’héroïne d’un des « fragments littéraires inédits de George Sand ». Comme nous le voyons, ce récit a paru en entier au mois d’avril 1831 et il est dû indubitablement à la plume de George Sand.