Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/367

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phrases ampoulées et nébuleuses que dans les romans postérieurs. Et c’est là un point digne de remarque. Il est très probable que si, dès ses débuts, George Sand n’était pas tombée dans le groupe des romantiques et n’avait pas été endoctrinée par de Latouche, Sainte-Beuve et d’autres, mais qu’elle eût écrit sous sa propre inspiration sans essayer du « genre sublime » alors en vogue, son talent eût pris une tout autre direction et se fût plutôt rapproché de la manière de Balzac, (quoique dans les mêmes chapitres où elle parle de ses premiers pas dans la carrière littéraire, elle nous dise elle-même que Balzac et elle avaient, dès le début, compris la différence de leurs aspirations littéraires et de leurs tendances : elle était portée à idéaliser dans le sens du beau, et lui dans le sens du comique ou du laid). Il serait peut-être téméraire de se livrer à des hypothèses basées uniquement sur Rose et Blanche, mais il est toutefois curieux de signaler le réalisme prononcé du premier grand roman de George Sand. Pour confirmer nos paroles, nous ne donnerons pourtant ici aucun extrait de ce roman, pour la bonne raison que de courts passages prouvent toujours très peu. Moins encore nous récrierons-nous d’admiration ou d’indignation à propos de la fameuse arrivée de la diligence avec la vieille nonne perchée à l’impériale, scène tant citée à cause de ses détails grossièrement réalistes. Cependant, comme preuve que ces pages sont réellement dues à George Sand, rappelons au souvenir du lecteur les lignes suivantes d’une lettre à sa mère, datée du 22 février 1832 de Nohant.

… « Si vous trouvez la sœur Olympe trop troupière, c’est sa faute plus que la mienne. Je l’ai beaucoup connue, et je vous assure que, malgré ses jurons, c’était la meilleure et la plus digne des femmes. Au reste, je ne prétends pas