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donyme commun un travail auquel il n’avait pris aucune part. L’éditeur, de son côté, ne voulut pas voir son édition signée d’un autre nom que du nom déjà connu de J. Sand ou Jules Sand, lui promettant ainsi un prompt écoulement. Que faire ? De Latouche conseilla à Sandeau de signer dorénavant ses ouvrages de son vrai nom tout entier, proposa à Mme Dudevant d’en conserver la moitié — Sand, en ne changeant que le prénom, et choisit pour elle celui de Georges[1], presque synonyme de « berrichon».

Dans l’Histoire de ma Vie, George Sand dit que plus tard beaucoup de ses admirateurs peu sagaces et d’ennemis pas plus raisonnables, virent dans ce pseudonyme un témoignage ostensible de ses sympathies pour Karl Sand, l’assassin de Kotzébue, tandis qu’en réalité ce pseudonyme n’est que la moitié du nom de Sandeau que de Latouche lui avait, sans aucune arrière-pensée, conseillé de prendre, et qu’elle-même avait accepté sans penser à mal et sans y attacher la moindre importance. Mais les chers ours bienfaisants continuèrent encore longtemps à la féliciter « d’arborer les idées révolutionnaires », pendant que ses ennemis lui reprochaient « sa passion pour les idées subversives qu’elle affichait si ouvertement et si insolemment ».

Voilà George Sand venue au monde. Quelques mois après Indiana, qui parut le 19 mai 1832, fut publié : Melchior, puis La Marquise, Valentine, le Toast, la poésie La Reine Mab.

« L’apprentissage » était fini. La littérature française pouvait saluer un nouveau « maître », et Aurore Dudevant, de collaborateur inconnu de l’insignifiant Figaro d’alors,

  1. George Sand, jusqu’à la fin de 1833 à peu près, écrivait Georges et non George.