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Petite Fadette ; pour quelle raison le nom de « personnages rustiques » appartiendrait à Germain le fin laboureur, à son beau-père positif et pratique, le vieux Maurice, au vieux fripon Léonard, père de la coquette de village, Catherine Guérin (La Mare au diable), à plus juste titre qu’à la mère Janille dans Le Péché de M. Antoine, à Bricolin dans le Meunier d’Angibault ou à « la mère Lhéry », à Pierre Blutty et à Athénaïs dans Valentine ; ni quelle différence on pourrait trouver entre la description de la fête champêtre dans Valentine et celle de la « bourrée » dans la Petite Fadette ? Il est temps d’en finir avec divisions arbitraires en « trois périodes » et de reconnaître enfin que George Sand, dès ses premiers pas dans la carrière littéraire, se mit à dépeindre des tableaux et des figures rustiques de son Berry ; puis, que dans ses premiers, comme dans ses derniers romans, elle en a représenté avec un succès égal les personnages comiques, négatifs, typiques, dans le genre des Bricolin, des Lhéry, des Léonard et des Catherine, en idéalisant et en traitant à l’eau de rose les personnages positifs, comme elle le faisait pour tous héros principaux, à quelque classe qu’ils appartinssent.

Revenons à Valentine. Le drame d’amour de ce roman est plus varié que celui d’Indiana ; l’action, qui se passe entièrement dans le Berry, donne à l’auteur la possibilité de prendre sur nature des tableaux aimés dès son plus jeune âge, des tableaux de la vie rustique et de la vie de château. La fable du livre est plus simple, plus réelle, plus vraie que dans Indiana.

Valentine de Raimbault, une douce rêveuse, aimant la nature et la vie simple, épouse M. de Lansac, pour obéir d’une part à sa grand’mère, une bonne vieille à la morale légère du siècle passé, admettant tous les caprices, toutes