force d’une jeunesse pure et d’une conscience saine[1] !…
« La vie générale, dit-elle un peu auparavant dans cette même « Histoire de ma Vie », devint bientôt si tragique et si sombre, que j’en dus ressentir le contre-coup. Le choléra enveloppa des premiers les quartiers qui nous entouraient. Il approcha rapidement, il monta d’étage en étage la maison que nous habitions. Il y emporta six personnes et s’arrêta à la porte de notre mansarde, comme s’il eût dédaigné une si chétive proie. »
George Sand et ses amis se rassemblent tous les jours avec angoisse, inquiets d’avance d’avoir à constater l’absence de quelqu’un d’entre eux…
« C’était un horrible spectacle que ce convoi sans relâche passant sous mes fenêtres et traversant le pont Saint-Michel. En de certains jours, les grandes voitures de déménagement, dites tapissières, devenues les corbillards des pauvres, se succédèrent sans interruption, et, ce qu’il y avait de plus effrayant, ce n’étaient pas ces morts entassés pêle-mêle, comme des ballots, c’était l’absence des parents et des amis derrière les chars funèbres ; c’étaient les conducteurs doublant le pas, jurant et fouettant les chevaux ; c’étaient les passants s’éloignant avec effroi du hideux cortège ; c’était la rage des ouvriers qui croyaient à une fantastique mesure d’empoisonnement et qui levaient leurs poings fermés contre le ciel ; c’était, quand ces groupes menaçants avaient passé, l’abattement ou l’insouciance qui rendaient toutes les physionomies irritantes ou stupides… Au milieu de cette crise sinistre, survint le drame poignant du cloître Saint-Merry…[2] »