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bles à George Sand reconnaissent que cette héroïne traduisait vraiment les aspirations des femmes progressistes, de son temps, tout comme Jacqueline Pascal (la sœur du célèbre Pascal) fut l’interprète des idées les plus avancées de son siècle[1]. Et George Sand ne fut plus appelée que l’auteur de Lélia. Néanmoins, nous répétons que c’est peut-être celui de ses romans qui se lit aujourd’hui le plus difficilement, qui a le plus vieilli et dont nous ne pouvons guère recommander la lecture qu’à celles d’entre les adeptes du féminisme qui ne sont pas encore suffisamment lassées des lieux communs sur l’égalité des droits de la femme, sur son indépendance, sur la dépravation des hommes, etc., etc. De nos jours, toutes ces théories sont de lamentables vérités. Mais en 1833, elles étaient la nouveauté du jour et sortaient tellement du cadre habituel, qu’elles soulevèrent aussitôt des tempêtes d’indignation. Les journaux et les écrivains conservateurs jetèrent les hauts cris, et plus que les autres, Capo de Feuillide qui éreinta l’auteur de Lélia dans deux articles consécutifs. Dans le second de ses articles, il dit entre autres que l’auteur ne paraît pas être une femme, que c’est là une mystification inventée comme réclame, qu’une femme ne serait jamais capable de concevoir une

    d’Église, c’est-à-dire l’un des écrivains qui ont combattu la philosophie matérialiste du siècle dernier, cet abbé de la Treyche, auteur des Études sur les idées et leur conciliation dans le giron du catholicisme, où il parlait du spiritualisme, du magnétisme, des apparitions surnaturelles de la sainte Vierge, etc., cet homme pieux n’hésita pas à citer Lélia comme autorité et à annoncer aux femmes l’affranchissement du joug de leurs devoirs quotidiens… » (Julian Schmidt.)

  1. « Jacqueline Pascal, dit Julian Schmidt en analysant l’étude de Cousin sur elle, fut certes une femme très intéressante et liée au développement du jansénisme dans lequel les dames pieuses jouèrent un grand rôle. Les temps sont changés, on cherche l’émancipation dans une autre voie, mais le fond des choses est resté le même. Alors les belles âmes se distinguaient du monde ordinaire par l’ardeur de leur foi. De nos jours, Jacqueline se ferait Lélia… »