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le chien d’or

VI.

Les yeux de Cadet eurent un éclair. Il mit la main sur l’épaule de l’Intendant.

— Par saint Picot ! jura-t-il, j’aimerais mieux jeûner un mois durant, que de manquer une si belle occasion de vous aider !

Qu’est ce que cela fait, que vous ayez menti à ce gobe-mouches du château St. Louis ? Il valait mieux le tromper lui, qu’avouer la vérité à la Pompadour.

Madame Poisson, vous traiterait comme les Iroquois ont traité, à Chouaguen, mon commis, un gros garçon : Elle vous ferait rôtir… Les maudites femmes ! je vous l’ai bien toujours dit, Bigot : on est toujours dans l’eau bouillante, tant que l’on dépend d’elles.

Cadet n’était pas fâché de saisir cette nouvelle occasion de calomnier les femmes.

Il prit la main de Bigot dans la sienne et jura qu’il était prêt à marcher avec lui et à le suivre partout, à travers l’eau et le feu, par le soleil ou la pluie. Il irait à Beaumanoir, prendrait la jeune fille et avant deux jours, sans que personne ne pût le voir, ni le soupçonner, par des moyens à lui connus, il la remettrait entre les mains des Montagnais, ordonnerait aux Montagnais de partir immédiatement et de se rendre à la Tuque, sur le Saint-Maurice. Là, à la Tuque, la jeune dame ou la jeune fille, pourrait demeurer sept ans, s’il le fallait, et personne jamais n’entendrait parler d’elle…

VII.

Bigot et Cadet galopaient donc sur la route de Beaumanoir. Ils arrivèrent en peu de temps à la forêt qui se dessinait comme une ligne noire dans la pénombre et Cadet prit le devant. Il était né à Charlesbourg, et connaissait parfaitement tous les sentiers, toutes les trouées, tous les coins de la forêt.

Les chevaux, en écrasant de leurs sabots les bran-