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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/123

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Si, d’autre part, des garçons, en voyant appliquer une correction à leurs camarades, sont mis dans un état d’excitation sexuelle et reçoivent ainsi une direction pour leur vita sexualis dans l’avenir, cela nous fait penser à la seconde alternative, à un instinct sadique inconscient par rapport à son objet, comme dans les deux exemples suivants.


OBSERVATION 37. – R…, vingt-cinq ans, négociant, s’est adressé à moi au printemps de l’année 1889 pour me consulter au sujet d’une anomalie de sa vita sexualis, anomalie qui lui fait craindre une maladie et des malheurs dans la vie matrimoniale.

Le malade est d’une famille nerveuse ; il était, dans son enfance, délicat, faible, nerveux, d’ailleurs bien portant sauf des morbilli[ws 1]. Plus tard, il s’est bien développé au physique et est devenu vigoureux.

À l’âge de huit ans, il fut témoin, à l’école, des corrections que le maître appliquait aux garçons, leur prenant la tête entre ses genoux et leur fouettant ensuite le derrière.

Cette vue causa au malade une émotion voluptueuse. Sans avoir une idée du danger et de la honte de l’onanisme, il se satisfit par la masturbation, et, à partir de ce moment, il se masturba fréquemment, en évoquant toujours le souvenir des garçons qu’il avait vu fouetter.

Il continua ces pratiques jusqu’à l’âge de vingt ans. Alors il apprit quelle est la portée de l’onanisme, il s’en effraya et essaya d’enrayer son penchant à la masturbation ; mais il avait recours à la masturbation psychique qu’il croyait inoffensive et justifiable au point de vue de la morale ; à cet effet, il évoquait le souvenir des enfants fouettés.

Le malade devint neurasthénique, souffrit de pollutions, essaya de se guérir par la fréquentation des maisons publiques, mais il n’arriva jamais à avoir une érection. Il fit alors des efforts pour acquérir des sentiments sexuels normaux en recherchant la société des dames convenables. Mais il reconnut bientôt qu’il était insensible aux charmes du beau sexe.

Le malade est un homme de constitution physique normale, intelligent et doué d’un bel esprit. Il n’y a chez lui aucun penchant pour les personnes de son propre sexe.

Mon ordonnance médicale consista en préceptes pour combattre la neurasthénie et pour arrêter les pollutions. Je lui défendis la

  1. la rougeole