Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/156

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cuisses rondes et molles. Toute dame de belle taille, tout beau pied de dame excitait fortement son imagination, mais jamais il ne laissait voir ces sensations étranges qui lui paraissaient à lui-même anormales, et il savait toujours se dompter. Mais, d’autre part, il n’éprouvait aucun besoin de lutter contre elles ; au contraire, il aurait regretté d’abandonner ses sentiments qui lui sont devenus si chers.

À l’âge de trente-deux ans, Z… fit par hasard la connaissance d’une femme de vingt-sept ans qui lui était très sympathique, qui était divorcée de son mari et qui se trouvait dans la misère. Il s’intéressa à elle, travailla pour elle pendant des mois et sans aucune intention égoïste. Un soir elle lui demanda impérieusement une satisfaction sexuelle ; elle lui fit presque violence. Le coït eut lieu. Z… prit la femme chez lui, vécut avec elle, faisant le coït avec modération ; mais il considérait le coït plutôt comme une charge que comme un plaisir ; ses érections devinrent faibles ; il ne put plus satisfaire la femme et, un jour, celle-ci déclara qu’elle ne voulait plus continuer ses rapports avec lui puisqu’il l’excitait sans la satisfaire. Bien qu’il aimât profondément cette femme, il ne pouvait renoncer à ses fantaisies étranges. Il vécut donc en camarade avec elle, regrettant beaucoup de ne pouvoir la servir de la façon qu’il aurait désiré.

La crainte que ses propositions soient mal accueillies, ainsi qu’un sentiment de honte, l’empêchaient de se révéler à elle. Il trouvait une compensation dans ses rêves. Il rêvait entre autres être un beau coursier fougueux et être monté par une belle femme. Il sentait le poids de la cavalière, les rênes auxquelles il devait obéir, la pression de la cuisse contre ses flancs, il entendait sa voix belle et gaie. La fatigue lui faisait perler la sueur, l’impression de l’éperon faisait le reste et provoquait parfois l’éjaculation au milieu d’une vive sensation de volupté.

Sous l’obsession de pareils rêves, Z…, il y a sept ans, surmonta ses craintes et chercha à reproduire dans la réalité une scène analogue.

Il réussit à trouver des « occasions convenables ».

Voici ce qu’il rapporte à ce sujet : « … Je savais toujours m’arranger de façon que, dans une occasion donnée, elle s’assît spontanément sur mon dos. Alors je m’efforçais de lui rendre cette situation aussi agréable que possible, et je faisais tant et si bien qu’à la prochaine occasion c’était elle qui me disait : « Viens, je veux chevaucher sur toi. » Étant de grande taille, je