Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

devant les pieds de sa sœur qui avait trois ans de plus que lui. Les pieds d’autres dames, en tant que celles-ci lui étaient sympathiques, l’excitaient sexuellement. Chez la femme, il n’y a que le pied qui l’intéresse. L’idée d’un rapport sexuel avec une femme lui fait horreur. Il n’a jamais essayé de faire le coït. À partir de douze ans, il n’éprouve plus aucun intérêt pour le pied masculin.

La forme de la chaussure du pied féminin lui est indifférente ; ce qui est important, c’est que la personne lui soit sympathique. L’idée de jouir des pieds de prostituées lui inspire du dégoût. Depuis des années, il est amoureux des pieds de sa sœur. Rien qu’en voyant ses souliers, sa sensualité se trouve violemment excitée. Une accolade, un baiser de sa sœur ne produisent pas cet effet. Son suprême bonheur est de pouvoir enlacer le pied d’une femme sympathique et d’y poser ses lèvres. Souvent il fut tenté de toucher avec son pénis un des souliers de sa sœur ; mais jusqu’ici il a su réprimer ce désir, d’autant plus que, depuis deux ans, sa faiblesse génitale étant très grande, l’aspect d’un pied suffit pour le faire éjaculer.

On apprend par son entourage que le « malade » a une « admiration ridicule » pour les pieds de sa sœur, de sorte que celle-ci l’évite et tâche toujours de lui cacher ses pieds. Le malade sent lui-même que son penchant sexuel pervers est morbide , et il est péniblement impressionné de ce que ses fantaisies malpropres aient précisément choisi comme objet le pied de sa propre sœur. Autant qu’il lui est possible, il évite les occasions et cherche à se compenser par la masturbation au cours de laquelle il a toujours présents dans son imagination des pieds de femmes, ainsi que dans ses pollutions nocturnes. Quand le désir devient trop violent, il ne peut plus résister à l’envie de voir les pieds de sa sœur.

Immédiatement après l’éjaculation, il est pris d’un vif dépit d’avoir été trop faible. Son affection pour le pied de sa sœur lui a valu bien des nuits blanches. Il s’étonne souvent qu’il puisse toujours continuer à aimer sa sœur. Bien qu’il trouve juste que sa sœur cache ses pieds devant lui, il en est souvent irrité, car cela l’empêche d’avoir sa pollution. Le malade insiste sur le fait qu’autrement il est d’une bonne moralité, ce qui est confirmé par son entourage.


OBSERVATION 67. – S…, de New-York, est accusé de vols commis sur la voie publique. Dans son ascendance, il y a de nombreux cas de folie ; le frère et la sœur de son père sont également anormaux au point de vue intellectuel. À l’âge de sept ans,