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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/236

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sincère, qu’il avait déjà volé 80 à 90 mouchoirs de cette façon. Il ne recherchait que des mouchoirs de femme et exclusivement de femmes jeunes et qui lui plaisaient.

L’extérieur de l’inculpé ne présente rien d’intéressant. Il s’habille très soigneusement ; il a une attitude bizarre, craintive, déprimée, avec un genre trop obséquieux et très peu viril qui va souvent jusqu’au ton larmoyant et aux pleurs. On reconnaît aussi en lui une maladresse manifeste, de la faiblesse de la faculté d’assimilation, de la paresse dans l’orientation des idées et dans la réflexion. Une de ses sœurs est épileptique. Il vit dans une bonne situation ; il n’a jamais été gravement malade, et il s’est bien développé.

En relatant sa biographie, il fait preuve de manque de mémoire, de manque de clarté ; faire du calcul lui est difficile, bien qu’à l’école il faisait des progrès et apprenait avec facilité. Son air craintif, son manque d’assurance font soupçonner l’onanisme. L’inculpé avoue que, depuis l’âge de dix-neuf ans, il s’est livré avec excès à ce vice.

Depuis quelques années, il a souffert des suites de ce vice : dépression, fatigue, tremblements des jambes, douleurs dans le dos, dégoût du travail. Souvent il était en proie à une dépression mélancolique avec peur ; alors il évitait les hommes. Il avait des idées exagérées et fantastiques sur les conséquences des rapports sexuels avec les femmes, et voilà pourquoi il ne pouvait se décider au coït. Ces temps derniers cependant il a songé à se marier.

C’est avec un repentir profond et comme un débile qu’il est, que X… m’avoua qu’il y a six mois, en voyant au milieu de la foule une belle jeune fille, il se sentit sexuellement très excité, il dut se frotter contre elle et éprouva le désir de se dédommager par une satisfaction plus complète de son désir sexuel en lui prenant son mouchoir. Bien qu’il se rendît compte du caractère délictueux de son action, il ne put résister à son impulsion. En même temps, il éprouva une angoisse terrible, causée en partie par le désir génital qui l’obsédait, et aussi par la peur d’être découvert.

À la suite de cet incident, aussitôt qu’il voyait une femme sympathique, il était saisi d’une excitation sexuelle violente, avec battement de cœur, érection, impetus cœundi[ws 1], et il éprouvait l’obsession de se frotter contre la personne en question et, faute de mieux, de lui voler son mouchoir.

  1. violent désir de coïter