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Une corrélation de ce genre existe dans les deux observations suivantes.


OBSERVATION 87 (Fétichisme du soulier). – M. von P…, de vieille noblesse polonaise, trente-deux ans, m’a consulté en 1890, au sujet de sa vita sexualis anormale. Il affirme être issu d’une famille tout à fait saine, mais être nerveux depuis son enfance et avoir souffert à l’âge de onze ans de chorea minor. Depuis l’âge de dix ans, il souffre beaucoup d’insomnie, et de malaises neurasthéniques.

Il prétend n’avoir connu la différenciation des sexes qu’à l’âge de quinze ans ; c’est de cette époque que datent ses penchants sexuels. À l’âge de dix-sept ans, une institutrice française l’a séduit, mais ne lui a pas permis d’accomplir le coït, de sorte que seule une excitation sensuelle (masturbation mutuelle) a pu avoir lieu. Au milieu de cette scène, son regard tomba sur les bottines très élégantes de cette femme. Cette vue lui fit une profonde impression. Ses relations avec cette personne dissolue se continuèrent pendant quatre mois. Durant ces attouchements, les bottines de l’institutrice devenaient un fétiche pour le malheureux jeune homme. Il commença à s’intéresser aux chaussures de dames, et rôdait afin de rencontrer de belles bottines de dames. Le fétiche soulier prit sur son esprit un ascendant de plus en plus grand. Sicuti calceolus mulieris gallicæ penem tetigit, statim summa cum voluptate sperma ejaculavit.[ws 1] Quand on eut éloigné celle qui l’avait séduit, il dut aller chez les puellis [ws 2] avec lesquelles il avait recours au même procédé. Ordinairement cela suffisait pour le satisfaire. Ce n’est que rarement et subsidiairement qu’il avait recours au coït. Son penchant pour cet acte disparaissait de plus en plus. Sa vita sexualis se bornait aux pollutions dues à des rêves, où, seules les chaussures de dames jouaient un rôle, et à satisfaire ses sens avec des chaussures de femmes, apposita ad mentulam[ws 3] ; mais il fallait que la puella fît cette manipulation. Dans le commerce avec l’autre sexe, il n’y avait que la bottine qui l’excitât sensuellement, et encore la bottine devait être élégante, de forme française, avec talon d’un noir reluisant comme l’était la première. Avec le temps sont survenues des conditions accessoires : souliers d’une prostituée très élégante, chic, avec des jupons empesés et autant que possible des bas noirs.

Le reste de la femme ne l’intéresse pas. Le pied nu

  1. Par exemple, il touchait la chaussure de la Française et aussitôt il éjaculait avec la plus grande volupté.
  2. filles publiques
  3. accolées au pénis