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un peu plus graves, les sentiments et les penchants homosexuels sont limités à la vita sexualis ; dans les cas plus graves, toute la personnalité morale, et même les sensations physiques sont transformées dans le sens de la perversion sexuelle ; enfin, dans les cas tout à fait graves, l’habitus physique même paraît transformé conformément à la perversion.

C’est sur ces faits cliniques que repose par conséquent la classification suivante des différentes formes de cette anomalie psycho-sexuelle.


A. — le sens homosexuel comme perversion acquise

L’important ici est de prouver qu’il y a penchant pervers pour son propre sexe, et non pas de constater des actes sexuels accomplis sur des individus de même sexe. Ces deux phénomènes ne doivent pas être confondus ; on ne doit pas prendre la perversité pour de la perversion. Souvent on a l’occasion d’observer des actes pervers sexuels qui ne sont pas basés sur la perversion. C’est surtout le cas dans les actes sexuels entre personnes de même sexe et notamment dans la pédérastie[ws 1]. Là il n’est pas toujours nécessaire que la paræsthesia sexualis[ws 2] soit en jeu, mais il y a souvent de l’hyperesthésie avec impossibilité physique ou psychique d’une satisfaction sexuelle naturelle.

Ainsi nous rencontrons des rapports homosexuels chez des onanistes ou des débauchés devenus impuissants, ou bien chez des femmes ou des hommes sensuels détenus dans les prisons, chez des individus confinés à bord d’un vaisseau, dans les casernes, dans les pensionnats, dans les bagnes, etc.

Ces individus reprennent les rapports sexuels normaux aussitôt que les obstacles qui les empêchaient cessent d’exister.

Très souvent, la cause d’une pareille aberration temporaire

  1. sodomie
  2. anomalie sexuelle.