Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/312

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Par appareil génital psychique monosexuel dans un corps monosexuel appartenant au sexe opposé, il ne faut pas comprendre « une âme féminine dans un cerveau masculin » ou vice versa, manière de voir qui serait en contradiction manifeste avec toutes les idées scientifiques. Il ne faudrait pas non plus se figurer qu’un cerveau féminin puisse exister dans un corps masculin, ce qui contredirait tous les faits anatomiques : mais il faut admettre qu’un centre psycho-sexuel féminin peut exister dans un cerveau masculin, et vice versa.

Ce centre psycho-sexuel (dont il est nécessaire de supposer l’existence, ne fût-ce que pour expliquer les phénomènes physiologiques) ne peut être autre chose qu’un point de concentration et d’entrecroisement des nerfs conducteurs qui vont aux appareils moteurs et sensitifs des organes génitaux, mais qui, d’autre part, vont aussi aux centres visuel, olfactif, etc., portant ces phénomènes de conscience qui, dans leur ensemble, forment l’idée d’un être « masculin » ou « féminin ».

Comment pourrions-nous représenter cet appareil génital psychique dans l’état d’hermaphroditisme primitif que nous avons supposé plus haut ? Là aussi, nous devrions admettre que les futures voies conductrices étaient déjà tracées, bien que fort légèrement, ou préparées par le groupement des éléments.

Ces « voies latentes » hermaphrodites sont projetées pour relier les organes de copulation (qui eux-mêmes sont encore à l’état hermaphrodite) avec le siège futur des éléments de représentation des deux sexes. Quand tout l’organisme se développe d’une manière normale, une moitié des ces voies doit plus tard se développer pour devenir capable de fonctionner, tandis que l’autre moitié doit rester à l’état latent ; et, dans ce cas, tout dépend probablement de l’état du point d’entrecroisement que nous avons supposé, comme un centre subcortical intercalé.