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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/352

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normal hétérosexuel ; mais, comme elle est contraire au sentiment naturel, elle devient une caricature, d’autant plus que ces individus sont en général atteints d’hyperæsthesia sexualis et que, par conséquent, leur amour pour leur propre sexe est un amour ardent et extatique.

L’uraniste aime, idolâtre son amant masculin, de même que l’homme qui aime la femme, idolâtre sa maîtresse. Il est capable de faire pour lui les plus grands sacrifices ; il éprouve les tortures de l’amour malheureux, souvent non payé de retour, de l’infidélité de l’amant, de la jalousie, etc.

L’attention de l’homme homosexuel n’est captivée que par le danseur, l’acteur, l’athlète, la statue d’homme, etc. L’aspect des charmes féminins lui est indifférent, sinon répugnant ; une femme nue lui paraît dégoûtante, tandis que la vue des parties génitales viriles, la vue des cuisses de l’homme, etc., le fait tressaillir de joie.

Le contact charnel avec un homme qui lui est sympathique lui donne un frisson de volupté ; et, comme de pareils individus sont souvent neurasthéniques sexuellement, soit de naissance, soit par suite de la pratique de l’onanisme ou d’une abstinence forcée de tout rapport sexuel, il se produit facilement des éjaculations qui, dans les rapports les plus intimes avec la femme, n’auraient pas lieu du tout ou ne pourraient être forcément provoquées que par des moyens mécaniques. L’acte sexuel de n’importe quel genre, accompli avec l’homme, procure du plaisir et laisse derrière lui un sentiment de bien-être. Quand l’uraniste est capable de se forcer au coït, le dégoût agit régulièrement comme idée d’entrave et rend l’acte impossible ; il éprouve à peu près le même sentiment qu’un homme qui serait forcé de goûter à de la nourriture ou à des boissons nauséabondes. Toutefois, l’expérience nous apprend que souvent des invertis de ce second degré se marient pour des raisons éthiques ou sociales.

Ces malheureux sont relativement puissants, quand, au