Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/387

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sont gris, les cheveux blonds. Barbe et poils sur le corps, raisonnablement pour mon âge et mon sexe. Les seins et les organes génitaux sont normalement développés, ma démarche est ferme, presque lourde, le maintien négligé. Ce qui est surprenant, c’est que la largeur de mon bassin soit égale exactement à celle de mes épaules.

De ma nature je suis bien doué intellectuellement. Dans un de mes certificats on a même déclaré mes capacités « excellentes ». Sans vouloir me vanter, je dois dire que j’ai passé brillamment mes examens, et j’ai un vif intérêt pour tout ce qui concerne le salut de l’humanité, pour la science, les arts et l’industrie. Mon énergie a pu, avec assez de facilité relativement, ajourner à une époque opportune la satisfaction de mes besoins dont je donnerai la description plus loin. Je condamne avec intention et en pleine conscience la morale d’aujourd’hui qui force les anormaux sexuels à enfreindre des lois arbitrairement créées, et j’estime que les rapports sexuels entre deux personnes du même sexe ne doivent dépendre que du consentement libre des individus, sans que le législateur ait le droit d’intervenir. J’ai puisé dans mes études la première idée de former, d’après le procédé de Carneri, une morale basée sur les doctrines darwiniennes, morale qui, il est vrai, ne s’accorde guère avec celle d’aujourd’hui, mais qui serait capable d’élever l’homme à un niveau supérieur, et de l’ennoblir dans le sens des lois naturelles.

Je ne crois pas qu’il y ait chez moi beaucoup de stigmates ni de tares. J’ai une certaine surexcitation. Ce qui me paraît à ce sujet important à noter, c’est que j’ai fréquemment des rêves où il ne s’agit, en général, que de choses indifférentes, et qui n’ont jamais pour sujet de soi-disant images voluptueuses ; tout au plus ils roulent sur les toilettes féminines, sur leur essayage, sur ce qui pour moi constitue, en tout cas, une idée voluptueuse. Parfois, surtout jusqu’à l’âge de seize ans, la vivacité de mes songes s’accentuait jusqu’au somnambulisme, et très souvent, ce qui m’arrive encore aujourd’hui, jusqu’à me faire parler à haute voix pendant mon sommeil.

III. Mes penchants. – Mon penchant anormal dont j’ai parlé plus haut, est le principe fondamental de mon sentiment sexuel. Quand je me suis habillé en femme, j’éprouve une satisfaction complète. J’ai alors une tranquillité, un bien-être particulier, qui me permettent de me livrer plus facilement à une occupation intellectuelle. Mon libido pour l’accomplissement de l’acte sexuel est