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n’ai jamais entretenu avec aucun d’eux des relations intimes. C’est un abîme profond qui me sépare d’eux.

Post-Scriptum. – Je crains de n’avoir pas assez précisé ma vie sexuelle dans les lignes précédentes. Elle ne consiste que dans l’onanisme, mais, pendant l’acte, je me laisse influencer par ces représentations horribles qu’on désigne par coïtus inter femora, ejaculatio in ore[ws 1], etc.

Mon rôle est, dans ces cas, passif. Ces images se transforment et passent à celles de l’accouplement quand une passion m’a enchaîné. La lutte contre cette passion est terrible, parce que mon âme participe aussi au combat. Je désire l’union la plus étroite, la plus complète qu’on puisse imaginer entre deux êtres humains, la vie commune, des intérêts communs, une confiance absolue et l’union sexuelle. Je pense que l’amour naturel ne diffère de celui-ci que par son degré de chaleur, fort au-dessous du feu de notre passion. Précisément en ce moment j’ai de nouveau cette lutte à soutenir et je refoule par la violence cette folle passion qui me tient captif déjà depuis si longtemps.

Pendant des nuits entières je me roule dans mon lit, poursuivi par l’image de celui pour l’amour duquel je donnerais tout ce que je possède. Qu’il est triste que le plus noble sentiment qui ait été donné à l’homme, l’amitié, soit impossible à cause d’un vil penchant sensuel !

Je voudrais encore une fois déclarer que je ne puis pas me décider à transformer ma vie sexuelle par des rapports sexuels avec des femmes. L’idée de ces rapports m’inspire du dégoût et même de l’horreur.


OBSERVATION 122. – J’écrirai, tant bien que mal, l’histoire de mes souffrances ; je ne suis guidé que par le désir de pouvoir contribuer par cette autobiographie à renseigner quelque peu sur les malentendus et les erreurs cruelles qui règnent encore dans toutes les sphères contre l’inversion sexuelle.

J’ai maintenant trente-sept ans, et je suis né de parents qui tous deux étaient très nerveux. Je rappelle ce fait parce que souvent j’ai eu l’idée que mon inversion sexuelle pourrait m’être venue par voie d’hérédité ; cependant cette assertion n’est que bien vague. Quant à mes grand-pères et grand’mères, que je n’ai jamais connus, je voudrais seulement citer comme fait digne d’être retenu, que mon grand-père du côté maternel avait la réputation d’être un grand « don Juan ».

  1. coït entre les cuisse, éjaculation dans la bouche