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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/420

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développement physique tardif et, pour cette raison, on l’a envoyé à plusieurs reprises aux bains de mer et dans les stations climatériques. Dès son enfance, il était de constitution névropathique et, d’après le témoignage d’un parent, il n’était pas comme les autres garçons. De très bonne heure il s’est fait remarquer par son aversion pour les amusements des garçons et par sa prédilection pour les jouets féminins. Il détestait tous les jeux des garçons, les exercices de la gymnastique, tandis que le jeu de poupées et les ouvrages de femme avaient pour lui un charme particulier. Plus tard le malade s’est bien développé au physique, il n’a pas eu de maladies graves ; mais, au point de vue intellectuel, son individualité est restée anormale, incapable d’envisager la vie d’une manière sérieuse, et empreinte d’une tendance tout à fait féminine dans ses pensées et ses sentiments.

À l’âge de dix-sept ans, des pollutions se sont produites ; devenues de plus en plus fréquentes, elles avaient lieu même dans la journée ; elles affaiblirent le malade et causèrent des troubles nerveux nombreux. Des phénomènes de neurasthenia spinalis se sont développés et ont subsisté jusqu’à ces dernières années, mais ils se sont atténués à mesure que les pollutions devenaient plus rares. Il nie avoir pratiqué l’onanisme, mais le contraire paraît très vraisemblable. Depuis l’âge de la puberté, son caractère apathique, mou et rêveur s’est fait de plus en plus jour. Tous les efforts pour amener le malade à une profession pratique proprement dite, restèrent infructueux. Ses facultés intellectuelles, bien que réellement saines, ne pouvaient s’élever à la hauteur nécessaire pour se diriger efficacement avec un caractère indépendant et envisager la vie d’une manière plus élevée. Il est resté sans volonté précise, un grand enfant ; rien ne caractérise plus manifestement sa conformation anormale que son incapacité réelle à manier l’argent ; de son propre aveu, il n’a pas l’esprit à gérer l’argent d’une façon ordonnée et sensée. Aussitôt qu’il a des fonds, il les dépense en bibelots, objets de toilette et autres futilités.

Le malade paraît aussi peu capable que possible de conquérir une position sociale, pas même d’en comprendre l’importance et la valeur.

Il n’a rien appris à fond ; il a occupé son temps à sa toilette, aux passe-temps artistiques, surtout à la peinture pour laquelle il semble avoir quelque talent ; mais, là non plus, il ne faisait rien, n’ayant pas la persévérance nécessaire. On ne pouvait pas l’amener à un travail intellectuel sérieux. Il ne comprenait que les