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Étant enfant, je l’ai vu souvent sans me douter que c’était mon père. Il avait un aspect vigoureux et viril. D’ailleurs, on dit qu’à l’époque de ma naissance ou auparavant, il aurait eu une maladie vénérienne.

J’ai vu plusieurs fois ma mère dans la rue, mais j’ignorais alors que c’était ma mère. Elle devait avoir environ vingt-quatre ans, lorsque je suis venu au monde. Elle était de grande taille, de mouvements brusques et énergiques et d’un caractère résolu. On dit qu’à l’époque de ma naissance elle a beaucoup voyagé, déguisée en homme, qu’elle a porté les cheveux courts, fumé de longues pipes et en général qu’elle s’est fait remarquer alors par ses allures excentriques. Elle possédait une excellente instruction, avait été belle dans sa jeunesse ; elle est morte sans avoir été jamais mariée et a laissé une fortune considérable.

Tout cela permettrait, le cas donné, de conclure à des penchants homosexuels ou du moins à l’existence d’anomalies. Ma mère a, plusieurs années avant ma naissance, donné le jour à une fille. Cette sœur que je n’ai jamais connue, s’est mariée très jeune ; mais elle s’est empoisonnée après quelques années de mariage, pour des raisons que j’ignore encore.

J’ai 1m,70 de taille ; 0m,92 de tour ; le tour de mes reins est de 1m,02 ; je crois donc avoir le bassin un peu fortement développé. Le pannicule graisseux a été très développé chez moi de tout temps. La charpente osseuse est vigoureuse. La musculature est bien faite, mais pas assez développée, peut-être faute d’exercice ou peut-être sous l’influence de l’onanisme que j’ai pratiqué de bonne heure et avec persévérance : de sorte que je parais plus fort que je ne le suis. Le système pileux, les cheveux et la barbe sont normaux. Les poils des parties génitales sont quelque peu clairsemés. Le reste du corps est presque glabre. Tout mon extérieur a un caractère tout à fait viril. La démarche, le maintien, la voix, sont d’un homme complet, et d’autres uranistes m’ont souvent dit qu’ils ne se doutaient pas du tout de ma passion. J’ai servi dans l’armée et j’ai toujours pris plaisir aux exercices du cavalier, monter à cheval, faire de l’escrime, nager, etc.

Ma première éducation a été dirigée par un prêtre. Je n’avais guère de camarades de jeu pour ainsi dire. La vie de famille de mes parents d’adoption était irréprochable. Au mois d’octobre 1871, on m’a mis en pension. Là, j’ai commis les premiers actes pervers sur lesquels j’aurai à revenir en détail dans l’historique de ma vie sexuelle.