Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/535

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la mort prématurée de sa femme, il avait satisfait ses puissants besoins sexuels dans des amourettes temporaires, mais il avait toujours eu de la répugnance pour les bordels et les prostituées. Le penchant au frottage lui est venu subitement, il y a deux ans ; il stationnait par hasard dans une église. Bien qu’il se rendît compte que c’était inconvenant, il n’a pu s’empêcher de céder immédiatement à cette impulsion. Depuis il est devenu si excité par les postérieurs des femmes qu’il se sent poussé à chercher des occasions de frottage. Chez la femme il n’y a que la tournure qui l’excite ; tout le reste du corps ou la toilette lui est absolument indifférent, de même que l’âge de la femme, sa beauté ou sa laideur. Depuis il n’a plus d’inclination pour la satisfaction naturelle. Ces derniers temps des scènes de frottage apparaissaient aussi dans ses rêves érotiques.

Pendant le frottage il se rend parfaitement compte de sa situation et de la portée de son acte, et il s’efforce de procéder autant que possible de manière à n’être pas aperçu. Après il éprouve toujours de la honte d’avoir commis une pareille action.

L’examen médico-légal n’a relevé aucun symptôme de maladie mentale ou de faiblesse intellectuelle, mais bien des symptômes de neurasthenia sexualisex abstinentia libidinosi[ws 1], ce qui est indiqué aussi par le fait que le seul contact du fétiche avec les parties génitales non exhibées suffisait à produire une éjaculation. Il est évident que le libidineux Z… qui était sexuellement très affaibli et qui se méfiait de sa puissance, a été amené au frottage par une coïncidence accidentelle : la vue de posteriora feminæ avec une émotion sexuelle. C’est cette liaison associative d’une perception avec une sensation qui a donné au postérieur féminin le caractère d’un fétiche.


Comme actes offensant la moralité publique et, par conséquent, tombant sous le coup de la loi, on peut encore ajouter aux précédents les cas d’outrages à des statues dont Moreau (op. cit.) a recueilli toute une série, dans les temps antiques et modernes. Malheureusement ils ne sont rapportés que dans des récits ayant trop le caractère anecdotique pour pouvoir être analysés et jugés avec certitude. Ils produisent toujours l’impression de faits de nature pathologique. Ainsi, par exemple, l’histoire de ce jeune homme (racontée par Lucianus

  1. du fait de l’abstinence de relations sexuelles