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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/581

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Ils attirent par gestes, par attouchements, etc. ; ils mènent leurs conquêtes dans les hôtels, les bains ou les bordels.

Ce que l’auteur dit du chantage est généralement connu. Il y a des cas où des pédérastes se laissent extorquer toute leur fortune.

La note suivante coupée dans une feuille berlinoise (National-Zeitung) du mois de février 1881, qui m’est tombée par hasard entre les mains, paraît de nature à bien caractériser la vie et les menées des uranistes.


Le bal des mysogines. Presque tous les éléments de la société de Berlin ont leurs réunions : les gros, les chauves, les célibataires, les veufs. Pourquoi les ennemis du sexe féminin n’auraient-ils pas la leur ? Cette espèce d’hommes, très curieuse au point de vue psychologique, mais peu édifiante au point de vue social, donnait ces jours derniers un bal. L’affiche annonça : « Grand bal masqué viennois$2 » On procédait avec une sévérité extrême à la vente et à la distribution des billets : ces messieurs veulent être entre eux. Leur rendez-vous est un grand local de danse bien connu. Nous entrons dans la salle vers minuit. On danse ferme aux sons d’un orchestre très bien tenu. L’épaisse fumée qui voile les becs de gaz ne permet pas de voir ressortir assez nettement les détails des mouvements du public. Ce n’est que pendant l’entr’acte que nous pouvons passer une revue plus minutieuse. Les masques sont en immense majorité ; on ne voit qu’isolément l’habit noir et la robe de soirée.

Mais qu’est-ce que c’est que cela ? Une dame en tarlatane rose qui passe près de nous avec un grand bruit de froufrou, tient dans le coin de sa bouche un cigare allumé et lance des bouffées de fumée comme un cuirassier. Elle porte une petite barbe blonde à peine dissimulée par le maquillage. Maintenant elle cause avec un « ange » fortement décolleté qui est planté là, les bras nus derrière le dos et qui fume aussi. Ce sont deux voix d’hommes et le sujet d’entretien est aussi très masculin ; il s’agit de ce « fichu tabac qui ne tire pas ». Voilà donc deux hommes en toilettes de femmes.

Un clown, comme on en voit tant, est là-bas près d’une colonne en conversation très affectueuse avec une ballerine et enlace d’un bras la taille irréprochable de cette dernière. Elle a une coiffure à la Titus blonde, un profil très accentué et à ce qu’il paraît des