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Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/593

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choses sexuelles. Comme G… lui demandait un jour ce que c’était que la pédérastie, dont il prétendait avoir entendu beaucoup parler en Angleterre, S… lui en avait donné l’explication.

G… convient qu’il est homme de prédispositions sensuelles. À l’âge de douze ans, il a été initié à la vie sexuelle en entendant les propos des apprentis. Il ne s’est jamais masturbé ; à l’âge de dix-huit ans, il a fait le coït pour la première fois, et depuis il a beaucoup fréquenté le bordel. Il n’a jamais éprouvé une inclination pour son propre sexe, ni aucune sensation sexuelle quand S… l’embrassait. Il a toujours fait le coït d’une façon normale et avec volupté. Ses pollutions dans ses rêves étaient toujours accompagnées d’images lascives concernant des femmes. Il repousse avec indignation l’insinuation qu’il s’est livré à la pédérastie passive, et invoque à ce propos qu’il descend d’une famille saine et honnête.

Avant que le bruit relatif à ces soupçons eût éclaté, il ne se doutait de rien et ne pensait nullement à mal. Il donne sur les anomalies de son anus, les mêmes essais d’explication qu’on trouve dans le dossier de l’affaire. Il nie avoir fait de l’auto-masturbation in ano[ws 1].

Il est bon de remarquer que J. S…, en entendant parler du prétendu amour homosexuel de son frère, n’en aurait pas été moins étonné que les autres personnes qui connaissaient celui-ci de plus près. Il est vrai qu’il n’a pu comprendre lui non plus ce qui attachait son frère à G…, et que toutes les représentations qu’il lui avait faites sur son attitude étaient restées inutiles.

L’expert s’est donné la peine d’observer sans qu’on s’en aperçût le docteur S… et G… pendant qu’ils soupaient à Gratz, en compagnie du frère de S… et de Mme S… Cette observation n’a pas fourni le moindre indice dans le sens d’une amitié illicite.

L’impression générale que m’a faite le docteur S… fut celle d’un individu nerveux, sanguin, un peu exalté, mais en même temps de bon caractère, franc, et avant tout un homme sentimental.

Le docteur S…, est au physique, vigoureux, un peu replet ; il a une tête régulière et légèrement brachycéphale. Les parties génitales sont très développées, le pénis est un peu gros, le prépuce un peu hypertrophié.

Conclusions. – La pédérastie est une forme insolite, perverse, et l’on peut même dire monstrueuse, de la satisfaction sexuelle, qui, dans la vie moderne, n’est malheureusement pas rare, mais

  1. dans l’anus