Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/597

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

AMOR LESBICUS[ws 1][1].

Son importance médico-légale est bien minime quand il s’agit de rapports entre adultes. En Autriche seulement, il pourrait avoir une importance pratique. Mais, comme pendant de l’uranisme, il a une importance anthropologique et clinique. L’amor lesbicus ne paraît pas être moins rare que l’uranisme. La grande majorité des uranistes féminins ne cèdent pas à un penchant congénital, mais ils se développent dans des conditions analogues à celles de l’uranisme artificiel.

Cette « amitié défendue » fleurit surtout dans les prisons de femmes.

Krausold (op. cit.) dit : « Les prisonnières lient souvent entre elles ce genre d’amitié dans laquelle, il est vrai, on aboutit autant que possible à la manustupration mutuelle. »

Mais le but de ces amitiés ne consiste pas seulement dans une passagère satisfaction manuelle. Elles sont aussi liées pour ainsi dire systématiquement et pour une époque plus longue pendant laquelle se développent une jalousie féroce et un amour ardent d’une violence qu’on ne trouve guère plus intense parmi les personnes de sexe différent. Si l’amie d’une prisonnière s’aperçoit d’un sourire pour une autre, il y a des scènes violentes de jalousie et des crêpages de chignon.

Si la prisonnière qui s’est laissée aller aux voies de fait, a été, selon le règlement, punie et mise aux fers, elle dit que « son amie lui a fait un enfant ».

Nous devons aussi à Parent-Duchâtelet (De la prostitution, 1857) des renseignements très intéressants sur l’amor lesbicus artificiellement créé.

Le dégoût provoqué par les actes les plus abominables et

  1. Comparez Mayer, Friedreichs Blätter, 1875, p. 41 ; Krausold, Melankolie und Schuld, 1885, p. 20 ; Andronico, Archiv. di psich. scienze penali e d’anthropol., crim., vol. III, p. 145
  1. Amour lesbien