Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/193

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refusât carrément de payer les rentes et se défendit contre les évictions par le « boycottage », les incendies, les exécutions des lords, avant de forcer la bourgeoisie à voter cette méchante loi qui fait mine de protéger le pays affamé contre les lords affameurs.

Mais s’il s’agit de protéger les intérêts du capitaliste, menacés par l’insurrection ou même par l’agitation — oh alors, le gouvernement représentatif, organe de domination du capital, devient féroce. Il frappe, et il le fait avec plus de sûreté, plus de lâcheté que n’importe quel despote. La loi contre les socialistes en Allemagne vaut l’édit de Nantes ; et jamais Catherine II après la Jacquerie de Pougatchoff, ni Louis XVI après la guerre des farines, ne firent preuve d’autant de férocité que ces deux « Assemblées nationales » de 1848, et de 1871, dont les membres criaient : Tuez les loups, les louves et les louveteaux ! et à l’unanimité, moins une voix, félicitaient de leurs massacres les soldats ivres de sang !

La bête anonyme aux six cents têtes a su surpasser les Louis XI et les Jean IV.




Et il en sera de même tant qu’il y aura un gouvernement représentatif, qu’il soit régulièrement élu, ou qu’il s’impose aux lueurs de l’insurrection.

Ou bien l’égalité économique se fera dans la nation, la cité ; et alors les citoyens libres et égaux n’iront plus abdiquer leurs droits entre les mains de quelques-uns ; ils chercheront un nouveau mode d’organisation qui leur permette de gérer eux-mêmes leurs affaires.

Ou bien, il y aura encore une minorité qui domi-