Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/197

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rouge, puis bleuissant à mesure qu’elle se sentira mieux en selle, ne se fera pas attendre. Elle aura à sa disposition tous les instruments de domination : elle les trouvera tout prêts à son service.




Source de tant de maux, le régime représentatif ne rend-il pas, du moins, quelques services pour le développement progressif et pacifique des sociétés ? — N’a-t-il pas, peut-être, contribué à la décentralisation du pouvoir qui s’imposait à notre siècle ? — Peut-être, a-t-il su empêcher les guerres ? — Ne saurait-il pas se prêter aux exigences du moment et sacrifier à temps telle institution vieillie, afin d’éviter la guerre civile ? N’offre-t-il pas, du moins, quelques garanties, quelque espoir de progrès, d’amélioration intérieure ?

Quelle ironie amère dans chacune de ces questions et tant d’autres qui surgissent pourtant dès qu’on juge l’institution ! Toute l’histoire de notre siècle est là pour dire le contraire.

Les parlements, fidèles à la tradition royale et à sa transfiguration moderne, le jacobinisme, n’ont fait que concentrer les pouvoirs entre les mains du gouvernement. Fonctionnarisme à outrance — cela devient la caractéristique du gouvernement représentatif. Depuis le commencement de ce siècle on crie décentralisation, autonomie, et on ne fait que centraliser, tuer les derniers vestiges d’autonomie. La Suisse elle-même subit cette influence, et l’Angleterre s’y soumet. Sans la résistance des industriels et des commerçants, nous en serions aujourd’hui à demander à Paris la