Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/228

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lui obéir et le respect dont on l’entoure. La révolution qui s’approche est une « Révolution » et non une simple émeute, par cela même que les révoltés de nos jours soumettent à leur critique toutes les bases de la société, vénérée jusqu’à présent, et avant tout, ce fétiche, — la Loi.

Ils analysent son origine, et il y trouvent, soit un dieu, — produit des terreurs du sauvage, stupide, mesquin et méchant comme les prêtres qui se réclament de son origine surnaturelle, — soit le sang, la conquête par le fer et le feu. Ils étudient son caractère et il y trouvent pour trait distinctif l’immobilité, remplaçant le développement continu de l’humanité. Ils demandent comment la loi se maintient, et ils voient les atrocités du byzantinisme et les cruautés de l’inquisition ; les tortures du moyen-âge, les chairs vivantes coupées en lanières par le fouet du bourreau, les chaînes, la massue, la hache au service de la loi ; les sombres souterrains des prisons, les souffrances, les pleurs et les malédictions. Aujourd’hui, — toujours la hache, la corde et le chassepot, les prisons ; d’une part, l’abrutissement du prisonnier réduit à l’état de bête en cage, l’avilissement de son être moral, et, d’autre part, le juge dépouillé de tous les sentiments qui font la meilleure partie de la nature humaine, vivant comme un visionnaire dans un monde de fictions juridiques, appliquant avec volupté la guillotine, sanglante ou sèche, sans que lui, ce fou froidement méchant, se doute seulement de l’abîme de dégradation dans lequel il est tombé vis-à-vis de ceux qu’il condamne.

Nous voyons une race de faiseurs de lois légiférant sans savoir sur quoi ils légifèrent, votant aujourd’hui