Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/308

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événements, et des clubs s’organisent en plein air. Et, si la cavalerie ou la troupe arrivent pour disperser la foule, elles hésitent à employer la violence contre des hommes et des femmes paisibles, tandis que les fusées qui éclatent devant les chevaux et les fantassins, aux acclamations et aux rires du public, arrêtent la fougue de ceux qui s’avancent trop au milieu du peuple.

Dans les villes de province, ce sont quelquefois des ramoneurs qui s’en vont dans les rues, en parodiant le lit de justice du roi ; tous éclatent de rire en voyant l’homme à la face barbouillée parodiant le roi ou sa femme. Des acrobates, des jongleurs réunissent sur la place des milliers de spectateurs, tout en décochant, au milieu de récits drôlatiques, leurs flèches à l’adresse des puissants et des riches. Un attroupement se forme, les propos deviennent de plus en plus menaçants, et alors, gare au puissant dont la voiture ferait apparition sur le lieu de la scène : il sera certainement malmené par la foule.




Que l’esprit travaille seulement dans cette voie, — que d’occasions les hommes intelligents ne trouveront-ils pas pour provoquer des attroupements, de rieurs, d’abord, puis d’hommes prêts à agir, surtout si l’effervescence a été préparée d’avance par la situation et par les actes des hommes d’action.

Tout cela étant donné : d’une part, la situation révolutionnaire, le mécontentement général, et d’autre part, les placards, les pamphlets, les chansons, les exécutions en effigie, tout cela enhardissait la popula-