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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/311

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contre la reine, que le soulèvement des petits villages pouvait être amené. Ce soulèvement, résultat de la situation générale du pays, fut préparé aussi par l’agitation que faisaient au sein du peuple, des hommes qui en sortaient et qui s’attaquaient à ces ennemis immédiats : le seigneur, le prêtre-propriétaire, l’accapareur du blé, le gros bourgeois.

Ce genre d’agitation est bien moins connu que le précédent. L’histoire de Paris est faite, celle du village n’a jamais été commencée sérieusement : l’histoire ignore encore le paysan ; et cependant, le peu que nous en savons suffit déjà pour nous en donner une idée.

Le pamphlet, la feuille volante, ne pénétraient pas dans le village : le paysan à cette époque ne lisait presque pas. Eh bien, c’est par l’image imprimée, souvent barbouillée à la main, simple et compréhensible, que se faisait la propagande. Quelques mots tracés à côté d’images grossièrement faites, répandues dans les villages, — et tout un roman se forgeait dans l’imagination populaire, concernant le roi, la reine, le comte d’Artois, Madame de Lamballe, le pacte de famine, les seigneurs, « vampires suçant le sang du peuple » ; il courait les villages et préparait les esprits.

Là, c’était un placard, fait à la main, affiché sur un arbre, qui excitait à la révolte, promettant l’approche des temps meilleurs, et racontant les émeutes qui avaient éclaté dans des provinces à l’autre bout de la France.

Sous le nom des « Jacques », il se constituait des groupes secrets dans les villages, soit pour mettre le feu à la grange du seigneur, soit pour détruire ses ré-