Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/351

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vous, et vous en aurez besoin ». Mais, détruisez sans retard tout ce qui doit être renversé, les bastilles et les prisons, les forts tournés contre les villes et les quartiers insalubres où vous avez si longtemps respiré un air chargé de poison. Installez-vous dans les palais et les hôtels, et faites un feu de joie des amas de briques et de bois vermoulu qui furent vos sentines. L’instinct de destruction, si naturel et si juste parce qu’il est en même temps l’instinct du renouvellement, trouvera largement à se satisfaire. Que de vieilleries à remplacer ! Tout n’est-il pas à refaire, les maisons, les villes, l’outillage agricole et industriel, enfin le matériel de la société tout entière ?




À chaque grand événement de l’histoire correspond une certaine évolution dans la morale humaine. Certes la morale des égaux n’est pas la même que celle du riche charitable et du pauvre reconnaissant. À un nouveau monde il faut une nouvelle loi, et c’est bien un monde nouveau qui s’annonce. Nos adversaires eux-mêmes ne le répètent-ils pas sans cesse ? « Les dieux s’en vont ! Les rois s’en vont ! Le prestige de l’autorité disparaît. » Et qui remplacera les dieux, les rois, les prêtres, si ce n’est l’individu libre, confiant dans sa force ? La foi naïve s’en va. Place à la science ! Le bon plaisir et la charité disparaissent. Place à la justice !


FIN