Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que des appétits de jouissance à tout prix,… je suppose, au contraire, que vous avez le cœur bien à sa place, et c’est à cause de cela que je vous parle.

Une première question, je le sais, se pose devant vous. — « Que vais-je devenir ? » vous êtes-vous demandé maintes fois. En effet, lorsqu’on est jeune, on comprend qu’après avoir étudié un métier, ou une science pendant plusieurs années — aux frais de la société, notez-le bien, — ce n’est pas pour s’en faire un instrument d’exploitation, et il faudrait être bien dépravé, bien rongé par le vice, pour ne jamais avoir rêvé d’appliquer un jour son intelligence, ses capacités, son savoir, à aider à l’affranchissement de ceux qui grouillent aujourd’hui dans la misère et dans l’ignorance.

Vous êtes de ceux qui l’avez rêvé, n’est-ce pas ? Eh bien, voyons, qu’allez-vous faire pour que votre rêve devienne une réalité ?




Je ne sais pas dans quelles conditions vous êtes né. Peut-être, favorisé par le sort, avez-vous fait des études scientifiques ; c’est médecin, avocat, homme de lettres ou de science que vous allez devenir ; un large champ d’action s’ouvre devant vous ; vous entrez dans la vie avec de vastes connaissances, des aptitudes exercées ; ou bien, vous êtes un honnête artisan, dont les connaissances scientifiques se bornent au peu que vous avez appris à l’école, mais qui avez eu l’avantage de connaître de près ce qu’est la vie de rude labeur menée par le travailleur de nos jours.

Je m’arrête à la première supposition, pour revenir