Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/7

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brutal venu d’en haut. Si vous cherchez la justice, attendez-vous à subir l’iniquité.

Au moment où se publie cet ouvrage, la France est en pleine crise électorale. Je n’ai point la naïveté de recommander la lecture de ce livre aux candidats, — ils ont d’autres « devoirs » à remplir, mais je convie les électeurs à prendre en main les Paroles d’un Révolté, et je leur signale tout spécialement le chapitre intitulé le Gouvernement Représentatif. Ils y verront comment sera justifiée leur confiance dans ces hommes qui surgissent de toutes parts pour briguer l’honneur de représenter leurs concitoyens au Parlement. Maintenant tout est pour le mieux. Les candidats sont omniscients et infaillibles ; mais que seront les mandataires ? Quand ils auront enfin leur part de royauté, ne seront-ils pas fatalement saisis par le vertige du pouvoir, et, comme des rois, dispensés de toute sagesse et de toute vertu ? Fussent-ils décidés à tenir ces promesses qu’ils ont tant prodiguées, comment maintiendraient-ils leur dignité au milieu de la tourbe des quémandeurs et des conseillers ? En supposant qu’ils soient entrés vertueux à la Chambre, comment pourraient-ils en sortir autrement que viciés ! Sous l’influence de ce milieu d’intrigues, on les voit tourner de gauche à droite, comme s’ils étaient entraînés par un mécanisme fatal : bonshommes d’horloge