Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/83

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sais que vous répétez avec respect le nom de cette femme qui alla loger une balle dans la poitrine du satrape, lorsqu’il se permit un jour d’outrager un socialiste détenu en prison. Et je sais aussi que votre cœur battait lorsque vous lisiez comment les femmes du peuple de Paris se réunissaient sous une pluie d’obus pour encourager « leurs hommes » à l’héroïsme.

Je le sais, et c’est pourquoi je ne doute pas que vous aussi vous finirez par venir vous joindre à ceux qui travaillent à la conquête de l’avenir.




Vous tous, jeunes gens sincères, hommes et femmes, paysans, ouvriers, employés et soldats, vous comprendrez vos droits et vous viendrez avec nous ; vous viendrez travailler avec vos frères à préparer la révolution qui, abolissant tout esclavage, brisant toutes les chaînes, rompant avec les vieilles traditions et ouvrant à l’humanité entière de nouveaux horizons, viendra enfin établir dans les sociétés humaines la vraie Égalité, la vraie Liberté, le travail pour tous, et pour tous la pleine jouissance des fruits de leur labeur, la pleine jouissance de toutes leurs facultés ; la vie rationnelle, humanitaire et heureuse !

Qu’on ne vienne pas nous dire que nous sommes une petite poignée, trop faible pour atteindre le but grandiose que nous visons.

Comptons-nous, et voyons combien nous sommes à souffrir de l’injustice. Paysans, qui travaillons pour autrui et qui mangeons l’avoine pour laisser le froment au maître, nous sommes des millions