Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/160

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torité, la patente ne fait qu’enrayer les progrès de l’industrie.

Injustice criante en théorie, — la pensée ne pouvant pas être brevetée, — le brevet, comme résultat pratique, est un des grands obstacles au développement rapide de l’invention.


Ce qu’il faut pour favoriser le génie de la découverte, c’est d’abord le réveil de la pensée ; c’est l’audace de conception que toute notre éducation contribue à alanguir ; c’est le savoir répandu à pleines mains, qui centuple le nombre des chercheurs ; c’est enfin la conscience que l’humanité va faire un pas en avant, car c’est le plus souvent l’enthousiasme, ou quelquefois l’illusion du bien, qui a inspiré tous les grands bienfaiteurs.

La révolution sociale seule peut donner ce choc à la pensée, cette audace, ce savoir, cette conviction de travailler pour tous.

C’est alors qu’on verra de vastes usines pourvues de force motrice et d’instruments de toute sorte, d’immenses laboratoires industriels ouverts à tous les chercheurs. C’est là qu’ils viendront travailler à leur rêve après s’être acquittés de leurs devoirs envers la société ; là qu’ils passeront leurs cinq à six heures de loisir ; là qu’ils feront leurs expériences ; là qu’ils trouveront d’autres camarades, experts en d’autres branches de l’industrie et venant étudier aussi quelque problème difficile : ils pourront s’entraider, s’éclairer mutuellement, faire jaillir enfin du choc des idées et de leur expérience la solution désirée. Et encore une fois, ce n’est pas un rêve ! Solanoï Gorodok de Pétersbourg en a déjà donné une réalisation, partielle du moins sous le rapport technique. C’est une