Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/179

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nues de donner tout leur temps aux affaires de cuisine ? Parce que ceux-mêmes qui veulent l’affranchissement du genre humain n’ont pas compris la femme dans leur rêve d’émancipation et considèrent comme indigne de leur haute dignité masculine de penser « à ces affaires de cuisine », dont ils se sont déchargés sur les épaules du grand souffre-douleur — la femme.

Émanciper la femme, ce n’est pas lui ouvrir les portes de l’université, du barreau et du parlement. C’est toujours sur une autre femme que la femme affranchie rejette les travaux domestiques. Émanciper la femme, c’est la libérer du travail abrutissant de la cuisine et du lavoir ; c’est s’organiser de manière à lui permettre de nourrir et d’élever ses enfants, si bon lui semble, tout en conservant assez de loisir pour prendre sa part de vie sociale.

Cela se fera, nous l’avons dit, cela commence déjà à se faire. Sachons qu’une révolution qui s’enivrerait des plus belles paroles de Liberté, d’Égalité et de Solidarité, tout en maintenant l’esclavage du foyer, ne serait pas la révolution. La moitié de l’humanité, subissant l’esclavage du foyer de cuisine, aurait encore à se révolter contre l’autre moitié.