Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/254

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tant de vêtements. C’est le minimum de leurs besoins. Peuvent-ils produire tout cela ? S’ils le peuvent, leur restera-t-il du loisir pour se procurer le luxe, les objets d’art, de science et d’amusement — en un mot, tout ce qui ne rentre pas dans la catégorie du strict nécessaire ? — Si la réponse est affirmative qu’est-ce qui les empêche d’aller de l’avant ? Qu’y a-t-il à faire pour aplanir les obstacles ? Faut-il du temps ? qu’ils le prennent ! Mais, ne perdons pas de vue l’objectif de toute production — la satisfaction des besoins.

Si les besoins les plus impérieux de l’homme restent sans satisfaction, que faut-il faire pour augmenter la productivité du travail ? Mais n’y a-t-il pas d’autres causes ? Ne serait-ce pas, entre autres, que la production, ayant perdu de vue les besoins de l’homme, a pris une direction absolument fausse et que l’organisation en est vicieuse ? Et puisque nous le constatons, en effet, cherchons le moyen de réorganiser la production, de façon qu’elle réponde réellement à tous les besoins.

Voilà la seule manière d’envisager les choses qui nous paraisse juste : la seule qui permettrait à l’économie politique de devenir une science, — la science de la physiologie sociale.


Il est évident que lorsque cette science traitera de la production, à l’œuvre actuellement chez les nations civilisées, dans la commune hindoue, ou chez les sauvages, — elle ne pourra guère exposer les faits autrement que les économistes d’aujourd’hui, comme un simple chapitre descriptif, analogue aux chapitres descriptifs de la zoologie ou de la botanique. Mais remarquons que si ce chapitre était fait au point de