Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/294

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tensive ordinaire ; ajoutons largement le terrain nécessaire au menu bétail qui doit remplacer une partie des bêtes à cornes, et donnons 160,000 hectares à l’élève du bétail, — 200,000 si l’on veut, sur les 410,000 hectares qui nous restent, après avoir pourvu au pain nécessaire à la population.

Soyons généreux et mettons cinq millions de journées pour mettre cet espace en production.

Donc, après avoir employé dans le courant de l’année, vingt millions de journées de travail, dont la moitié pour des améliorations permanentes, nous aurons le pain et la viande assurés, non compris toute la viande supplémentaire que l’on peut obtenir sous forme de volailles, de cochons engraissés, de lapins, etc., sans compter qu’une population pourvue d’excellents légumes et de fruits consommera beaucoup moins de viande que l’Anglais, qui supplée par la nourriture animale à la pauvreté de son menu végétal. Cependant vingt millions de journées de 5 heures combien cela fait-il par habitant ? — Bien peu de chose en réalité. — Une population de 3 millions et demi doit avoir, pour le moins 1,200,000 hommes adultes capables de travailler, et autant de femmes. Eh bien, pour assurer le pain et la viande à tous, il ne faudrait donc pas plus de 17 journées de travail par an, pour les hommes seulement. Ajoutez encore trois millions de journées pour avoir le lait. Ajoutez encore autant ! le tout n’atteint pas 25 journées de 5 heures — simple affaire de s’amuser un peu dans les champs — pour avoir ces trois produits principaux : pain, viande, et lait ; ces trois produits qui, après le logement, font la préoccupation principale, quotidienne, des neuf dixièmes de l’humanité.