Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/307

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vail. Cent jardiniers compétents pourraient donner à ce travail cinq heures par jour, — et le reste serait fait tout simplement par des gens qui, sans être jardiniers de profession, sauraient manier la bêche, le râteau, la pompe d’arrosage, ou surveiller un fourneau.

Mais ce travail donnerait au bas mot, — nous l’avons vu dans un chapitre précédent, — tout le nécessaire et le luxe possibles en fait de fruits et de légumes pour 75,000 ou 100,000 personnes au moins. Admettez qu’il y ait dans ce nombre 36,000 adultes désireux de travailler au potager. Chacun aurait donc à consacrer cent heures par an, réparties sur toute l’année. Ces heures de travail deviendraient des heures de récréation, passées entre amis, avec les enfants, dans des jardins superbes, plus beaux, probablement, que ceux de la légendaire Sémiramis[1].

Voilà le bilan de la peine prendre pour pouvoir manger à satiété des fruits dont nous nous privons aujourd’hui, et pour avoir en abondance tous les légumes que la mère de famille rationne si scrupuleusement lorsqu’il lui faut compter les sous dont elle enrichira le rentier et le vampire-propriétaire.

  1. Récapitulant les chiffres qui ont été donnés sur l’agriculture, chiffres prouvant que les habitants des deux départements de la Seine et de Seine-et-Oise peuvent parfaitement vivre sur leur territoire en n’employant annuellement que fort peu de temps pour en obtenir sa nourriture, nous avons :
        Départements de la Seine et de Seine-et-Oise :
    Nombre d’habitants en 1886 3.600.000
    Superficie en hectares 610.000
    Nombre moyen d’habitants par hectare 5,90
        Surfaces à cultiver pour nourrir les habitants (en hectares) :
    Blés et céréales 200.000
    Prairies naturelles et artificielles 200.000
    Légumes et fruits, 7,000 à 10.000
    Reste pour maisons, voies de communications, parcs, forêts 200.000