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Il rit mécaniquement, silencieusemmt, malgré lui. Il rit quand on l’applaudit, quand l’effort qu’il a fait lui a permis de recueillir ce que sa vanité lui fait rechercher avant tout — l’approbation bruyante de la galerie.

Il rit nerveusement, béatement, instinctivement, naturellement ; les lèvres, découvrant les dents, ferment dans leurs contractions des plis circulaires autour de la bouche.

C’est la plus impressionnante expression de vanité satisfaite qu’il soit possible d’observer. Il suffit de l’avoir vue une fois, cette expression particulière de M. Bourassa, pour comprendre que, chez cet homme qui rit, qui rit malgré lui l’orgueil, l’amour de l’adulation sont les seuls mobiles qui le guident, et que la grandeur de la patrie, l’avenir du pays le préoccupent bien moins que le triomphe de son moi et les acclamations populaires… qui le font rire.

La chûte de Laurier dans la « crotte » de M. Bourassa, serait une si bonne farce. Il faut renverser Laurier !

JUVENAL.


LA BOURASSAPHOBIE.


La Bourassaphobie (de « Bourassa », chevalier de Malte peut-être, rejeton de féodalité, dont le nom d’apparence italienne se décline comme « rosa » et de « phobos » crainte, peur, rage), signifie en notre pays, la maladie nationaliste caractérisée tout particulièrement par la peur de Sir W. Laurier, la rage de parler crotte et la crainte de paraître vouloir quelque chose de défini.

Le premier qui en fut atteint, ce fut tout naturellement un certain Bourassa, seigneur autrefois, aujourd’hui saltimbanque politique. C’est ainsi qu’on l’a appelé Bourassaphobie.

Cette maladie est comparable à l’épilepsie. Éminemment chronique, incurable, elle se manifeste sous forme d’accès aigus alternant parfois avec des repos ou des rémissions assez prolongées.

Les malades choisissent leurs endroits d’accès « chroniques » où ils tombent en une furie dangereuse.

À la faveur, ou plutôt à la défaveur des élections (pour eux, les pauvres misérables !), ils font pitié à voir et à examiner dans leurs gestes, leur voix, leurs poses, leurs démarches et leur mentalité.

Suivez-les sur les hustings ou sur les théâtres qu’ils affectionnent, jusqu’en ces articles de rédaction à doubles colonnes qu’il salissent, souvent hélas ! sans considérations pour ceux qui sont assez charitable pour ne pas les faire mourir trop vite en leur entretenant les vivres, voyez quelle mentalité ils ont ! Ils ne peuvent être ni en faveur de celui qui veut une chose, ni en faveur de celui qui veut le contraire de cette chose ; tout ce qu’ils peuvent être, c’est d’être aux prises dans un milieu quelconque avec des fantômes, avec le résultat de ne trouver comme conclusions de ce qu’ils disent ou de ce qu’ils écrivent, que la crotte ou le Pont d’Avignon qu’ils ont organisé de leur substance dégénérée.

Impossible de décrire les rictus, les contorsions, la bave, les efforts, la torture que s’imposent ces pauvres gens à la contemplation d’un grand homme d’État qui n’inventa jamais la Bourassaphobie ou la Bourassamanie, encore moins la « crotte » (autre maladie dont souffrent parfois ces excentriques malades dans des moments de chaleur inventive), ou au choc moral que leur occasionne la perte d’un poste de commissaire quelque part, d’un fauteuil d’orateur ou d’un pupître de maître de poste.

Comme pour la Bourassamanie, cette maladie étant incurable, il ne sert de rien d’y chercher remède. On les soulage de la même manière, toujours avec de l’huile de Castor. Un « poil négatif » pourrait être essayé avec quelque chance de succès, comme moyen électro-thérapeutique.

HIPPOCRATE.


M. BOURASSA DANS LE RÔLE D’INSULTEUR.


Aux débuts de sa campagne nationaliste, M. Bourassa avait gardé des dehors de gentilhomme, un vernis de bonne éducation qui couvraient encore son âme fieleuse et jalouse.

Il discutait sans insulter.

Il égratignait, mais ne blessait pas.

Depuis qu’il a brûlé ses vaisseaux et découvert son cœur : maintenant qu’il déverse sa haine sur Sir W. Laurier qui commit le crime de le protéger contre ses propres amis, toute la rancœur, et l’écume malsaine qui se sont si longtemps refoulées en lui, se donnent libre cours et s’étalent en taches immondes dans tous ses écrits.

Et naturellement la petite clique qui se pâme devant lui, l’imite.

Ce ne sont que grossièretés, immondices, saletés même centre Sir W. Laurier.

Naturellement la belle figure de notre chef, cet homme si droit, si noble, ce caractère si élevé, si digne, sont à l’abri de grossièretés de ces polissons.

La boue qu’ils lui jettent, rejaillit sur leur propre face et y inflige les stigmates de l’infamie.

Il nous répugne de remuer ces immondices.