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le kalevala

Ilmarinen dit : « Ô vieux Wäinämöinen, ô runoia éternel, qu’as-tu à raconter de tes voyages, maintenant que tu es de retour dans ton pays ? »

Le vieux Wäinämöinen répondit : « J’ai beaucoup de choses à raconter. Il est, dans Pohjola, une jeune vierge qui ne s’est encore fiancée à aucun homme, qui ne s’est encore attendrie pour aucun héros. La moitié de Pohjola la célèbre, car elle est merveilleusement belle. La lune brille sur son front, le soleil sur sa poitrine, Otawa sur ses épaules, Vähä-Otawa[1] sur son dos.

« Va donc, ô Ilmarinen, ô forgeron éternel, va trouver la jeune vierge, la vierge aux belles boucles ! Si tu peux forger un Sampo[2], un Sampo au splendide couvercle, on te la donnera pour prix de ton travail. »

Ilmarinen dit : « Ainsi donc, ô vieux Wäinämöinen, tu m’as promis à la sombre Pohjola, comme rançon de ta propre tête, comme gage de ta délivrance ! Non, tant que durera cette longue vie, tant que la lune éclairera le monde de son flambeau d’or, je n’irai point dans les demeures de Pohjola, sous les poutres de Sariola ; dans ces lieux où l’on dévore les hommes, où l’on extermine les héros. »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Au bord du champ d’Osmo, les merveilles s’entassent sur les merveilles. On y trouve un sapin à la couronne fleurie, aux rameaux d’or, un sapin à la cime duquel s’est posée la lune, et qu’Otawa a peuplé de ses étoiles. »

Ilmarinen dit : « Je ne sais si ce que tu racontes est vérité ou mensonge ; je n’y croirai qu’après l’avoir vu de mes propres yeux. »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Puisque tu ne crois pas ce que je te raconte, puisque tu ne sais si c’est vérité ou mensonge, viens donc avec moi le voir de tes propres yeux. »

  1. V. page 8, note 1.
  2. V. page 2, note 5.