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introduction

Placée entre la Suède, à laquelle elle était forcée de renoncer, et la Russie, avec laquelle elle ne pouvait se fusionner, la Finlande prit résolûment le parti que lui imposait la logique de sa situation : elle se replia sur elle-même et se mit à explorer enfin ce sol national, qu’elle avait négligé jusqu’alors. Le gouvernement russe favorisa cette évolution. Politique habile qui eut pour effet de tempérer dans le cœur du peuple finnois les amertumes de la conquête, en même temps que de le distraire des regrets et des aspirations qui, naturellement, le reportaient vers le passé.

Le travail marcha d’abord avec lenteur, car la classe érudite et savante du pays ne comptait que très-peu d’hommes suffisamment versés dans l’idiome indigène et experts dans la découverte des sources, il ne s’agissait plus ici, en effet, d’œuvres littéraires issues d’une inspiration purement subjective ou de la contemplation des phénomènes contemporains ; il fallait pénétrer jusque dans le sanctuaire le plus intime de la nationalité, évoquer sa grande voix, reconstruire ses monuments typiques. Or une pareille tâche était des plus ardues ; les livres publiés jusqu’alors n’y préparaient qu’imparfaitement[1] ; c’était un terrain presque vierge à

  1. Parmi ces livres, nous citerons, comme se rapportant directe-