Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
le kalevala

un paquet de verges de fer[1]. Puis, je me glisserai moi-même à travers le feu, sans que le poil de ma barbe soit brûlé, sans que le plus léger duvet de ma peau soit effleuré. Ô ma mère, ô ma nourrice, dis-moi, maintenant, quel est le dernier danger qui me menace. »

La mère de Lemminkäinen dit : « Voici le troisième danger : Quand tu auras encore fait une partie du chemin, quand tu auras marché tout le troisième jour, que tu seras arrivé à l’entrée de Pohjola, au passage le plus étroit, un loup s’élancera sur toi, un ours t’étreindra à la gorge. Déjà, ils ont dévoré cent hommes, ils ont exterminé mille héros ; pourquoi ne te dévoreraient-ils pas, pourquoi n’extermineraient-ils pas l’homme sans défense ? »

Le joyeux Lemminkäinen dit, le beau Kaukomieli répondit : « On peut dévorer, toute crue, une brebis, on peut la déchirer, toute chaude, en morceaux, mais on n’en peut faire autant de l’homme le plus faible, du dernier des héros. Je porte autour de mon corps une ceinture d’homme, je suis agrafé et bouclé comme un héros ; je ne tomberai pas si facilement dans la gueule des loups de Pohja, sous les griffes des bêtes maudites.

« Mais, je me souviens d’un moyen pour conjurer le loup, je sais l’art d’éviter l’ours. Je chanterai, et les loups seront muselés, et les ours seront liés avec des chaînes de fer, ou bien je les mettrai en pièces, je les réduirai en fine poussière. Ainsi j’échapperai à leur étreinte, et j’atteindrai le but de mon voyage. »

La mère de Lemminkäinen dit : « Non, tu n’as pas encore atteint le but de ton voyage ! Tous ces dangers, tous ces obstacles surhumains se dressaient sur ta route, trois phénomènes redoutables, trois agents de mort pour le héros. Mais d’autres surgiront, d’autres plus terribles encore, quand tu seras arrivé sur les lieux, quand tu toucheras aux demeures de Pohjola. Là se trouve une

  1. Voir page 92, note 2.