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vingt-sixième runo

jeune de tes sœurs, ou quelque autre de tes illustres parents[1] ?

« Ferme la bouche, maintenant, cache ta tête, cache ta langue acérée, roule-toi, replie-toi en peloton ; laisse le chemin, la moitié du chemin libre, afin que le voyageur puisse passer ; ou bien, fuis loin de ces lieux, misérable, fuis dans les profondeurs de la bruyère, dérobe-toi sous la mousse, roule comme un flocon de laine, comme une boule de peuplier ! Oui, fixe ta tête dans la tourbe, enfonce-la dans ses entrailles, là est ta demeure, ta véritable habitation ; et si du fond de la tourbe tu relèves encore la tête, Ukko la brisera avec sa foudre d’acier, avec sa grêle de fer[2]. »

Ainsi parla Lemminkäinen ; mais le serpent ne l’écouta point, il continua de siffler, de hurler d’une manière horrible ; sa langue s’allongeait, sa gueule se dilatait pour dévorer le héros.

Alors, le joyeux Lemminkäinen se rappela les antiques paroles, les mystérieuses formules que sa mère lui avait apprises jadis, que sa nourrice lui avait enseignées. Le

  1. L’original présente ici une rare énergie :

    « Mato musta maan-alainen,
    « Toukka Tuonen karvallinen,
    « Kulkia kulon-alainen,
    « Lehen Lemmon juurehinen,
    « Lapi mäträhän menia,
    « Puun juuren pujottelia !
    « Kuka sun kulosta nosti,
    « Heinän juuresta heratti
    « Maan päälle matelemahan,
    « Tielle teukkalehtamahan ?
    « Kuka nosti nukkoasi,
    « Kuka käske, ken kehoitti
    « Paata pystössä piteä,
    « Kaulan vartta kankeata,
    « Isosiko, vai emosi,
    « Vaiko vanhin veljiasi,
    « Vai nuoriu sisariasi,
    « Vaiko muu sukusi suuri ? »

  2. Tout ce passage constitue une formule destinée à conjurer les morsures du serpent : Käärmeen asetussanat.