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xxiv
introduction

ment puissante, qu’il doit renoncer à son projet.

Vient, maintenant, le magnifique épisode de Kullervo. C’est le génie du mal incarné dans un seul homme. Victime de la fatalité qui le poursuit partout, Kullervo se souille de tous les crimes, viole sa propre sœur et se tue. Je ne crois pas que l’on puisse rien rencontrer de plus riche et de plus saisissant, comme élément tragique, dans aucune autre littérature. Le seul trait qui relie cet épisode à l’ensemble du poëme, est que la femme d’Ilmarinen meurt dévorée par les loups et les ours de Kullervo.

Ilmarinen pleure amèrement la perte de sa femme ; il s’en forge une autre en or et en argent, et l’achève à coups de marteau. Mais, quand il l’a portée dans son lit et qu’il s’est couché à côté d’elle, il ne peut supporter le froid que lui cause son contact. Renonçant alors à en faire sa femme, il vient l’offrir à Wäinämöinen ; le runoia la refuse dédaigneusement et exhorte tous ceux de sa race « à ne jamais rechercher pour épouse une fille d’or, à ne jamais courir après une fiancée d’argent ».

Ilmarinen, déçu dans sa tentative, retourne à Pohjola, pour demander en mariage la seconde fille de Louhi. Louhi ayant repoussé sa demande avec colère, il enlève la jeune fille et l’emporte