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quarante et unième runo

« Non, parmi cette jeunesse, cette belle jeunesse, cette grande et illustre race issue du même père, non, il n’est personne qui veuille aller recueillir tes larmes, sous les ondes claires de l’abîme. »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Celui qui voudrait aller recueillir mes larmes sous les ondes claires de l’abîme, recevrait de moi un vêtement de plumes[1]. »

Un corbeau se mit à croasser ; le vieux Wäinämöinen lui dit : « Cher corbeau, va recueillir mes larmes sous les ondes claires de l’abîme, tu recevras de moi un vêtement de plumes ! »

Le corbeau ne put recueillir les larmes du héros.

Un canard bleu entendit ces discours, et il s’approcha du runoia ; le vieux Wäinämöinen lui dit : « Souvent le canard bleu plonge au fond des eaux, souvent il se baigne dans l’onde froide, et sonde les flots de son bec. Ô cher canard, va recueillir mes larmes sous les ondes claires de l’abîme, je te ferai un beau présent ; tu recevras de moi un vêtement de plumes ! »

Le canard plongea sous les ondes claires de l’abîme, pour y chercher les larmes de Wäinämöinen ; il sonda la vase noire, et il y recueillit les larmes du héros, et il vint les déposer dans sa main. Mais, elles avaient subi une métamorphose merveilleuse ; elles s’étaient changées en perles fines et resplendissantes, pour l’ornement des rois, pour la joie éternelle des hommes puissants[2].

  1. Il s’agit ici probablement d’un de ces vêtements tissus de plumes d’oiseau dont se parent encore aujourd’hui les indigènes des régions polaires.
  2. « Jo oli muiksi, muuttunehet,
    « Kasvanehet kaunoisiksi :
    « Helmiksi heristynehet,
    « Simpsukoiksi siintynehet,
    « Kuningasten kunnioiksi,
    « Valtojen iki-iloiksi. »