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quarante-cinquième runo

« Rassemble les douleurs dans un coffre de cuivre, et porte-les dans les entrailles de Kipumäki[1], au plus haut sommet de Kipuvuori[2], et là, fais-les cuire dans une petite chaudière, une chaudière que le doigt, que le pouce suffisent à remplir[3] !

« Il est sur la montagne[4] une pierre, et, au milieu de cette pierre, un trou percé avec une tarière, avec un outil de fer : précipite dans ce trou les atroces maladies, les cuisantes douleurs, les mortelles tortures, en sorte qu’elles ne puissent s’en échapper, ni pendant les nuits, ni pendant les jours ! »

Alors, le vieux Wäinämöinen, le runoia éternel, frotta les endroits malades, les plaies douloureuses, avec neuf espèces de baume, et il reprit la parole, et il dit : « Ô Ukko, dieu suprême entre tous les dieux, ô céleste vieillard, fais surgir un nuage à l’orient, un autre nuage à l’occident, un troisième nuage au nord-ouest, fais pleuvoir l’eau salutaire, le suave miel, pour adoucir les douleurs, pour guérir les maladies !

« Je ne puis rien par ma propre puissance si mon créateur ne vient à mon aide. Que Jumala accoure donc me seconder, maintenant que j’ai vu ces maladies de mes yeux, que je les ai touchées de mes mains, que je les ai conjurées avec ma bouche, que j’ai soufflé sur elles toute la vertu de mon esprit[5] !

  1. Voir page 76, note 1.
  2. Voir page 76, note 2.
  3. « Ota kivu kippasehen
    « Vaivat vaski — vakkasehen,
    « Kivut tuonne vieaksesi,
    « Vammat vaivutellaksesi,
    « Keskelle Kipumakeä,
    « Kipuvuoren kukkulata ;
    « Siella keittäös kipuja,
    « Pikkuisessa kattilassa,
    « Yhen sormen mentavassä,
    « Peukalon mahuttavassa ! »

  4. La montagne des maladies.
  5. « Avun luoja antakohon,
    « Avun tuokohon Jumala