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quarante-septième runo

vigoureusement en avant, à travers le fleuve de la Néva[1], tout autour de son promontoire.

Ilmatar[2], la belle vierge, la plus ancienne des filles de la nature vint à leur rencontre, et elle leur adressa la parole, et elle leur dit : « Qui êtes-vous, ô hommes, quel est votre nom ? »

Le vieux Wäinämöinen répondit : « Nous sommes des navigateurs ; je me nomme Wäinämöinen et mon compagnon Ilmarinen ; mais, dis-nous, de ton côté quelle est ta famille et comment l’on t’appelle. »

La femme répondit : « Je suis la plus ancienne des femmes, la plus ancienne des filles de l’air ; je suis la première mère des humains ; j’ai été cinq fois épouse, six fois promise comme fiancée. Où allez-vous, ô hommes, où dirigez-vous votre course, ô héros ? »

Le vieux Wäinämöinen répondit : « Le feu nous a été ravi, la flamme s’est éteinte dans nos foyers, et depuis longtemps de lugubres ténèbres nous environnent. Nous avons conçu le dessein d’aller chercher le nouveau feu qui est venu du haut du ciel, qui est tombé du haut des nuages. »

La femme dit : « Il est difficile de trouver le feu, de savoir où est l’étincelle. Le feu a causé d’affreux désastres, la flamme a engendré de grands malheurs : une étincelle est tombée, un globe ardent a roulé du haut des régions que le Créateur a créées, du haut des foyers de la foudre, à travers les plaines du ciel, les espaces de l’air ; et par le conduit noir de suie, par les fentes de la poutre célèbre, l’étincelle s’est glissée, le globe ardent a pénétré dans la nouvelle maison de Tuuri[3], dans l’habitation découverte de Palvoinen[4].

  1. Fleuve actuel de la Russie, qui arrosait jadis le pays des Finnois.
  2. La file d’Ilma ou de l’Air. Voir page 4, note 3. Un érudit finnois, M. Europaeus, veut voir dans Ilma, le lac Ilmen que le Wolchow joint au lac Ladoga.
  3. Personnage inconnu. Voir page 130, note 1.
  4. Nom propre sur lequel les runot ne fournissent aucun renseignement. Voir page 130, note 2.