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INTRODUCTION

grande assemblée, et commence à réciter le sûtra des Dix-sept Terres, en donnant le commentaire au fur et à mesure. La récitation se poursuit nuit par nuit, et s’achève en quatre mois. Seul de toute l’assemblée présente, Asaṅga approchait Maitreya ; les autres ne faisaient que l’entendre. Après chaque séance, Asaṅga passait la journée à reprendre le texte et à l’interpréter. De plus, Asaṅga apprit de Maitreya la méthode de « l’Union de Splendeur-du-Soleil » (sûrya-prabhâ samâdhi), qui lui permit de tout comprendre. Désormais sa mémoire embrassa tous les textes sans défaillance ; il saisit le sens des sûtras les plus abstrus du Grand Véhicule, car Maitreya lui en donnait l’explication intégrale dans le ciel Tuṣita. Asaṅga composa alors de nombreux traités d’exposition (upadeça) sur ces sûtras.

Cependant le cadet d’Asaṅga, Vasubandhu, s’était classé par son intelligence et par sa science au premier rang des docteurs du Petit Véhicule. Il vivait à Ayodhyâ, où le roi Bâlâditya l’avait comblé d’honneurs. Asaṅga, qui était resté à Puruṣapura, lui envoya un messager pour le presser de revenir, alléguant son état de santé. Vasubandhu s’empressa d’accourir. Asaṅga lui confia les soucis qui l’agitaient par affection fraternelle, et lui montra dans le Grand Véhicule la vraie voie du salut ; il lui en donna un exposé concis et substantiel, et réussit à le convaincre. Impatient d’expier les propos malveillants qu’il avait tenus jadis sur le Grand Véhicule, Vasubandhu, dans son zèle de néophyte, voulait se couper la langue. Asaṅga lui demanda de s’employer plutôt à propager la bonne doctrine. Après la mort d’Asaṅga, Vasubandhu écrivit en effet de nombreux commentaires sur les textes du Grand Véhicule, et spécialement sur plusieurs traités d’Asaṅga. Il mourut à Ayodhyâ, à quatre-vingts ans.

[H.] Hiuan-tsang sait bien que le Gândhâra est le berceau d’Asaṅga (I, 83, 117 ; II, 105, 270) ; mais c’est au pays d’Ayodhyâ qu’il rattache les souvenirs hagiographiques du maître, classé désormais parmi les Bodhisattvas. « À cinq ou six li au sud-ouest de la ville, au milieu d’un grand bois de manguiers, il y a un ancien couvent. C’est ici la place où le Bodhisattva Asaṅga demanda un complément de leçons et instruisit la foule. La nuit, il montait au palais des dieux (Tuṣita, I, 114), et recevait de Maitreya Bodhisattva des textes sacrés, Yogâcâryabhûmi çâstra, Mahâyâna-Sûtrâlaṃkâra çâstra, Madhyântavibhâga çâstra, etc. ;