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Page:Lévi - Mahayana-Sutralamkara, tome 2.djvu/44

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CHAPITRE I

un bon plat bien à point et qu’on mange de bon appétit, comme une bonne nouvelle qu’on a sue par une lettre, comme une cassette de pierreries ouverte, cet Idéal expliqué ici produit une joie extrême.

Ce vers consiste en cinq comparaisons ; en effet l’Idéal est prêché au point de vue d’un quintuple sens : 1° à établir, 2° à dériver, 3° de réflexion, 4° hors réflexion, 5° absolu, le Sens d’Acquis[1] qu’il faut savoir chacun Quant-à-soi[2], ayant pour Nature propre les Ailes d’Illumination[3]. Ce Sens, expliqué ici par le Sûtrâlaṃkâra, produit une joie extrême, comme fait respectivement l’or travaillé, etc. Puisque cet Idéal est naturellement doué d’avantages, comment donc l’orner ? Le troisième vers répond à cette objection.

3. Comme un modèle[4] qui vaut par la parure et la nature, s’il est reflété dans un miroir, donne aux gens une satisfaction spéciale par sa seule vue, de même l’Idéal uni à la vertu des belles paroles et de la nature donne continuellement un contentement tout particulier quand le Sens en est analysé.

Comme un modèle qui a des vertus par la parure et par la nature, reflété dans un miroir, produit par sa vue un élan de joie tout particulier, ainsi cet Idéal, qui a tant de vertus par ses belles

  1. Sens d’Acquis (adhigamârtha). V. inf. II, 1 et 9.
  2. Pratyâtma-vedanîya. C’est la formule caractéristique du Bouddhisme ; la vérité y est à connaître par chacun en soi individuellement (sayam eva attanâ yeva, glose de paccataṃ [= pratyâtma°] par Buddhaghosa, Sumaṅgalavilâsinî I, 108). La Mahâvyutpatti § 63 donne parmi les Rubriques du Dharma, 13-18 : sâṃdṛṣṭikaḥ . Nous avons ici la série, extraite d’un des Âgamas sanscrits, qui correspond à celle des Nikâyas : sandiṭṭhikâ nijjarâ akâlikâ ehipassikâ opanayikâ paccattaṃ veditabbâ viññûhi (p. ex. Aṅgutt. I, 198 ; Samy. IV, 41-43 ; 339).

    Sur l’apparente antinomie entre cette doctrine et le devoir de la prédication, V. inf. XII, 2 et 3.

  3. Bodhi-paksa-svahhâva. Les Ailes d’Illumination sont le sujet du chapitre XVIII.
  4. Bimba. Le tibétain traduit gzugs « forme » (et de même inf. XI, 20) ; le chinois, mei tche « bonne disposition de nature ». Le mot désigne au propre un disque, puis la rondeur, et spécialement les rondeurs du corps. Opposé à pratibimba, il signifie le modèle, ou, dans la rhétorique, le terme de comparaison, tandis que pratibimba est l’image, ou la comparaison.